Don Camillo

Si je vous parle d'un prêtre pas comme les autres; vous avez déjà une idée. Si je vous dis qu'il est curé d'un petit monde où il se passe des choses qui ne se passent nulle part ailleurs, un petit monde entre le fleuve et la montagne, quelque part en haut de l'Italie, là où les gens sont spontanés et familiers. Là où le vin échauffe le cerveau et on s'exprime avec les mains.
Beaucoup ont maintenant compris. Et si je complète en disant qu'il parle avec un Christ pas tout à fait orthodoxe...
Une silhouette imposante, une soutane, une barrette. C'est Don Camillo.
Peppone, le maire communiste, est son adversaire mais aussi son ami. Contre celui-ci Don Camillo est en lutte ouverte, mais à la fin les deux compères finissent par toujours tomber d'accord sur l'essentiel.
Don Camillo est mêlé à toutes une série d'aventures d'où il se dépêtre par la grâce de son sacerdoce, le prestige de son autorité a, l'usage frappant de ses mains ou de ses pieds, sa malice, sa bonté et avec l'aide du Christ parlant. Il écoutera tantôt son petit ange blond, tantôt son malin petit démon.
Certains de ces multiples moyens dont il use pour se défaire de situations embarrassantes sont source d'ennuis.
Ainsi ses mains: elles lui servent soit à bénir, soit à redresser la foi de façon renversante. Le fait d'avoir les mains bénites présente  un handicap et entraîne en certains cas l'usage du pied. Quand ses mains entrent en action et ce, de façon peu catholique, c'est à la suite d'une violente colère le rendant amnésique sur le bon usage à en faire. Elle provient généralement de Peppone ou d'un des membres de sa brigade de choc. Leurs opinions s'entrechoquent souvent avec celles du prêtre. Ce phénomène provoque comme une réaction en chaîne d'une durée parfois illimitée.
La "vendetta" n'est-elle pas italienne? Mais Don Camillo tient bon. Sa force psychologique et physique lui permet de démontrer à ses ennemis quelques vérités bien assénées.
En bref, il est le bon pasteur, gardien de ses brebis saines ou contaminées par la fièvre rouge. Mais son caractère, aussi variable que le temps doit être surveillé de près. Ce "Dieu le Père" n'est autre que "Dieu le Fils" en croix. Il lui parle, le conseille, le gronde et lui ordonne.
Voilà qui démontre qu'un prêtre n'est pas seulement un homme d'Église mais aussi tout simplement un homme. Comme ce dernier, il est enclin à toutes sortes de tentations et capable du meilleur comme du pire.
À mon avis Don Camillo est un type de prêtre difficile à trouver ici-bas. Il est seulement créé pour ce modèle de petit monde où l'auteur le fait déambuler. C'est un personnage que l'on aime bien dans un livre mais que l'on trouverait peut-être étrange dans nos régions.
Nous vivons trop dans l'indifférence et au pays de la Mer Nord le clair-obscur tempère trop les violentes impulsions

6 octobre 1976, travail de 4RD