Ô miroir matinal, quel pitoyable tableau que voilà ! Le tourment, ce cruel bourreau, semble s'acharner sur ce pauvre nez, ce fidèle serviteur assiégé par une congestion énigmatique. Est-ce le fruit d'un rhume des foins agaçant, ou bien la manifestation d'un chagrin inavoué ? Telle est l'irritante énigme qui occulte mon visage tourmenté.
Quant à ma mère, cette illustre figure tutélaire et sans merci, qui de ses doigts tremblants tisse un funeste canevas de réclamations prosaïques, dont les dernières en date sont du pain, des barres de chocolat, des biscuits qu'elle n'a pas les moyens de payer ! Quel affligeant festin pour une âme meurtrie ! Demain, je devine la pauvre épave, armée de son éthylique élixir de courage, me déversant son venin, doucereux en apparence, mais empoisonné dès que j'ai le dos tourné.
Les révélations se succèdent, telles les vagues d'une mer déchaînée : indiscrétions, transactions avec des voyantes, où cette mère, protagoniste équivoque, semble en des traces "voyantes", quérir en vain l'amour perdu de sa jeunesse, un certain Jean D. Hélas, ses finances, comme dans une tragédie antique, sont promises au déclin car je le sais, elle persiste dans ces vaines quêtes, faisant fi de mes invectives !
Et moi, votre narrateur, accablé par ces tourments familiaux, je vois mon corps se tordre de céphalées et de courbatures, reflet physique de ce théâtre toxique. Quelle issue trouver à ce labyrinthe de frustrations ? Où trouver la force de surmonter ces épreuves et apporter la paix à mon esprit tourmenté !
Ce dimanche, me voilà parti pour visiter ma génitrice, comme un condamné marche vers son lieu de supplice, dans mon arsenal, une boîte à outils aussi lourde que mes soupirs. La tâche du jour ? Installer une nouvelle boîte à clefs, stratégie infaillible pour que les valeureux pompiers puissent pénétrer dans la demeure sans devoir escalader des corniches. Après tout, depuis l'épisode rocambolesque de sa chute, disons calculée ou peut-être calculatrice, il s'avère nécessaire de leur faciliter l'accès.
En bon fils dévoué, j'ai également fait halte à la superette pour acquérir des victuailles expressément demandées et qui, par un tour de magie persistant, ne me seront jamais remboursées. La pauvreté de madame s'étend de son portefeuille à sa santé mentale, une affliction financière et spirituelle dont elle ne mesure guère l’ampleur.
À mon arrivée, quelle ne fut pas ma surprise de la découvrir affairée à la table, non pas pour un rituel dominical quelconque, mais pour y dîner ! Hélas, dans un éclair de génie typique de ma personne, j'avais oublié les victuailles sur le comptoir de ma propre cuisine.
Pour couronner le tout, avec un aplomb qui n'appartient qu'à elle, elle m’annonce, dans un souffle presque théâtral, avoir besoin de mes lumières pour déverrouiller son smartphone, victime d’un sort aussi cruel qu'un code PUK exigé soudainement. Ironie du sort, ce terme 'Puck' rappelle ces farfadets, espiègles et malicieux, experts en tours pendables, tout comme cet appareil qui décide de se rebeller au pire moment. Après fouille intensive de ma mémoire, je dois me rendre à l'évidence que le précieux document contenant le sésame restera introuvable. Mardi dernier lors du changement d'opérateur, dans un ultime et peut-être futile effort pour bloquer les appels vers l'étranger ou de type surtaxés, ce maudit document contenant le code de la SIM, le PIN et le PUK s'était avéré bel et bien perdu. Le code de la SIM n'avait été retrouvé que grâce un courrier électronique archivé salvateur mais ni PIN, ni PUK!
Faut-il envisager que dans un élan de désespoir, j'ai abandonné cette carte SIM chez ma mère ? Peu probable, mais l’hypothèse demeure, d'autant plus que madame, dans un souffle de tragédie, me confie attendre un appel de la plus haute importance du notaire. "Willy, n'a rien fait", lance t'elle d'un ton accusateur et pleurnichard. Je suis sceptique depuis que je connais la propension maternelle à noircir ses aidants à la suif de son égoïsme sidéral.
Ah ! Que ne donnerais-je pas pour que ces journées se concluent par un simple "fin" au bas de la page, mais la vie, espiègle et imprévisible, semble toujours en réserver un peu plus pour le prochain acte !
Poursuivons dans l'ardente spirale de ces journées communes, mais pourtant si chargées de péripéties d'un calibre quasiment homérique ! À peine de retour dans mon humble demeure, je me lance dans une quête acharnée, explorant à nouveau les confins de ma bibliothèque, nourrissant la théorie que la fameuse enveloppe a joué les caméléons derrière l'étagère où, ma mémoire me l'assurant, je l'ai soigneusement placée. Et quelle ne est pas ma joie, ô douce victoire, lorsque mes soupçons se confirment exacts, l'enveloppe se prélassant là, telle une princesse derrière son paravent !
À la tombée du jour, muni de ce précieux sésame, je reprends le chemin de la demeure maternelle, où je trouve la pauvre dame assoupie, rendue aux bras de Morphée dans son lit, son fidèle téléphone montant la garde à ses pieds. Ni une ni deux, j'opère sur cette machinerie récalcitrante et découvre avec stupeur des messages d'un certain Bruno, l'homme-orchestre de ma mère pour les tracas matériels, ainsi qu'un autre de l'énigmatique Jean D !
Jugeant que le sommeil réparateur de ma mère ne doit point être troublé, je prends congé en catimini, glissant hors de la pièce telle une ombre dans la nuit.
Le lundi matin, dans un fond d'écran où la magie semble flotter, un message de remerciements de ma génitrice vient caresser mon téléphone. Ai-je, à l'instar de certains voyants dotés de pouvoirs mystérieux, la capacité d'agir à distance ?
Le jour même, toutefois, face à l'impossibilité de jeter un œil à ses consommations téléphoniques, je décide, non sans une pointe de roublardise, de mettre à profit l'incident du code PUK pour m'introduire à nouveau dans l'antre maternelle, sous prétexte de configurations diverses. C'est l'occasion rêvée pour installer ce fameux profil qui me permettra dorénavant de surveiller ses appels comme un hibou sa proie nocturne.
Ce mardi, quelle ne est pas ma consternation de constater que la durée des appels a mystérieusement grimpé à 02h35 contre zéro la veille, et qu'un SMS a été expédié, sans oublier un hors forfait de 4,29€ lié aux demandes de renseignements ! La récidive semble être le sport favori de ma mère, impénitente jusqu'au bout des ongles. Le repentir semble décidément une notion bien étrangère à cette chère dame !
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