On brade à l'Hôtel Terminus !

Approchez, approchez, Messieurs Dames ! C'est le grand déballage, la grande braderie des souvenirs et des reliques d'une vie qui touche à sa fin. On solde, on liquide, on disperse aux quatre vents les collections d'une existence, car tout doit partir avant moi.

Le cœur est lourd, certes, mais le besoin d'argent est plus fort encore. Je m'agrippe désespérément à ces derniers instants, à cette illusion de vie, avant que la faucheuse ne vienne réclamer son dû. Je veux sentir encore ce frisson, oublier que devant moi, il n'y a plus que le néant.

Alors je brade tout, je vends à l'encan les miettes de mon passé. Les sentiments s'accrochent encore à ces babioles, mais peu importe, tout peut finir en pognon. Il faut remplir ce vide qui m'attend, ce grand néant au bout du chemin.

Et les voilà, les charognards, marabouts, gourous et filous, tous ripous, accrochés à mon portefeuille qui se gonfle et se vide à un rythme effréné. Ils se repaissent des restes de mon existence, ces prédateurs avides, pendant que moi, princesse déchue, je danse ma dernière carmagnole.

C'est le grand carnaval des illusions et amours perdues, la vente aux enchères d'une vie qui s'éteint. À l'heure où il faut tout lâcher, je m'accroche encore à ces instants volés, à cette farce tragique qu'est devenue mon existence.

Approchez, approchez, venez assister à la grande liquidation, car bientôt, le spectacle touchera à sa fin, et il n'y aura plus de rappel. Tout doit disparaître, les souvenirs, les reliques, et moi en plus. Hôtel terminus, dernière station avant le grand plongeon dans le néant, sans plus de bonus, sans plus de malus.

Alors venez, Messieurs Dames, venez vous repaître des derniers vestiges d'une vie, car bientôt, il ne restera plus rien à vendre, plus rien à brader. La princesse déchue tire sa révérence, et la grande foire des vanités touche à sa fin.