Il est des êtres qui ne se contentent pas de gonfler : ils s’en font une spécialité, une vocation, un art de vivre.
Ils enflent du mollet, du reproche, du soupir dramatique et du ton suraigu.
Madame, ces jours-ci, est de cette race-là.
Une outre outrecuidante, à la fois emplie d’elle-même et pleine de reproches pour autrui.
Elle râle.
Sur ses jambes, devenues tambours d’indignation aqueuse.
Sur sa petite-fille, coupable d’envoyer une image sans légende — une offense numérique, presque une gifle visuelle.
Sur l’acupuncteur, hérétique du méridien, qu’elle accuse de piquer à travers les vêtements (quelle impudeur !).
Et sur Maître, son administrateur, qui ne peut rien faire de bien puisqu’il ne lit pas dans ses pensées.
L’ambiance, vous l’aurez deviné, oscille entre la satire et la tragédie grecque.
Il faut dire que lundi, je me suis permis un recadrage — un simple miroir tendu.
Elle n’a pas apprécié.
Miroir, miroir, voilà qui est la plus fiel.
Elle ne tolère que les miroirs flatteurs, ceux qui reflètent son agacement comme une noblesse contrariée.
Madame est exigeante.
Avec tout le monde.
Sauf elle-même, envers qui elle pratique une indulgence d’archevêque.
Ses jambes gonflent ? Certainement.
Mais que faire quand on les abreuve plus de liqueur que de logique ?
Elle boit plus qu’elle ne mange.
Aperol à midi, vermouth au crépuscule.
Le “sans alcool” ne fait pas partie de son dictionnaire personnel.
Je m’étais même inquiété, un jour, en la voyant sobre.
Mais c’était une panne logistique. Rien de grave.
Car s’il y a bien un domaine où elle excelle, c’est le service de ses vices.
Prévision, réserve, stratégie de contournement : un général de l’apéritif.
Et l’eau, cette traîtresse qui stagne dans ses jambes ?
Il suffirait de prendre correctement son traitement.
Mais elle préfère les plaintes au pragmatisme.
Pourquoi choisir le soin quand on peut choisir le rôle de victime inondée ?
À présent, elle veut qu’on écrive à son avocat pour obtenir des fonds supplémentaires.
Pour l’acupuncture — celle qu’elle choisit, bien sûr, pas celle qu’on lui rembourse.
Un charlatan, l’autre ! Il pique sans pudeur, dit-elle.
Mais au fond, dit-elle vrai ?
Ou veut-elle simplement que son mécontentement passe pour révélation céleste ?
Il faudrait un voyant, un sourcier d’intentions, pour deviner ce qu’elle cherche vraiment.
Car à force de manipulations, d’approximations et de petits arrangements avec la vérité,
elle a fini par user la confiance qu’on lui accordait.
Et voilà qu’elle réclame un abonnement téléphonique.
Il faudrait relancer Maître, encore.
Mais si cet abonnement n’est pas verrouillé, surveillé, contrôlé…
elle trichera.
Elle trichera comme un joueur de bonneteau sur une place de village.
Car si elle ignore le mode d’emploi de ses médicaments,
elle connaît par cœur celui de la ruse.
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