L'antimamère

Le boomer et sa mère

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Sa Vieillesse est Long Naufrage

« La vieillesse est un naufrage » est une phrase célèbre de Charles de Gaulle (1890 – 1970), chef de la France libre pendant la Deuxième Guerre mondiale et président de la République française de 1959 à 1969. Cette formule lapidaire et poignante signifie que l'âge s'accompagne d'une décrépitude physique et intellectuelle, qui contraste avec une vie antérieure plus glorieuse.

Cette déclaration se rapporte au maréchal Philippe Pétain (1856 – 1951), chef de l'État français, c'est-à-dire de la France de Vichy, de 1940 à 1944, et donc ennemi de Charles de Gaulle. On trouve cette phrase dans le chapitre La Chute du tome L'Appel des Mémoires de guerre de Gaulle.

« Malgré tout, je suis convaincu qu'en d'autres temps, le maréchal Pétain n'aurait pas consenti à revêtir la pourpre dans l'abandon national. Je suis sûr, en tout cas, qu'aussi longtemps qu'il fut lui-même, il eût repris la route de la guerre dès qu'il put voir qu'il s'était trompé, que la victoire demeurait possible, que la France y aurait fait partie. Mais, hélas ! les années, sous l'enveloppe, avaient rongé son caractère. L'âge le livrait aux manœuvres de gens habiles à se couvrir de sa majestueuse lassitude. La vieillesse est un naufrage. Pour que rien ne nous fût épargné, la vieillesse du maréchal Pétain allait s'identifier avec le naufrage de la France. »

Si j'évoque ma mère, le naufrage n'en est pas un, mais reste fixé à cette Seconde Guerre mondiale qui l'a tant marquée. En fait, c'est bien plus qu'un naufrage, c'est un sabordage, tel la flotte à Toulon. Dans son cas, les charges explosives, les écoutilles ouvertes, il faut les chercher dans les bouteilles vides. Madame s'est saoulée pour ne pas penser à sa finitude, pour se donner du moral quand elle n'en avait pas. Mais l'alcool est très loin d'être un soutien, le bâton de vieillesse s'est mué en celui qui la rosse en même temps qu'il l'arrose. Lentement mais sûrement la voilà ange déchu. Cette dame qui aurait pu finir respectable est sombre comme une épave, aussi pathétique que feu son grand-père, héros de la guerre, mais qui, devenu octogénaire, finit ses jours en asile psychiatrique, car on avait mêlé l'alcool et les tranquillisants. Bien des années plus tard, sa seconde femme allait suivre un chemin à peu près identique, à force, elle aussi, de picoler. Ma mère adorait l'un et détestait l'autre, les voilà tous dans le même bateau ivre ! Par petites gorgées amères, je les ai vu sombrer les uns après les autres, mais la mitraille éthylique et ses marchands de canons restent impunis. Quelle injustice !

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