La Mère est agitée ?

Dimanche de Pâques, ou l’Apocalypse selon Sainte Story.

Ce matin-là, sur la toile bénie des bienheureux réseaux, ma mère – grande prêtresse des diffusions inutiles – publie une courte vision, envoyée par Louane, laquelle s’est exilée au bord de la Méditerranée pour méditer sur les ondoiements de l’existence… ou de l’eau.

Sur l’écran : trois vaguelettes, deux rochers et une petite écume frileuse… Il n’en fallait pas plus pour que Maman proclame, d’un ton pontifical, urbi et orbi : « La mer est agitée ! »
Agitée, oui, mais comme une cuillère dans un verre d’eau bénite.

Mon cerveau droit, ce fripon, siffle aussitôt des sottises que je n’oserais confesser à un confesseur d’occasion.
Car enfin, s’il est une mère agitée en ce bas monde, c’est bien celle du 7 rue de La Ferté à Péruwelz – adresse où les murs ont des oreilles et les rideaux des secrets !

Neuf heures du matin, et déjà titube-t-elle sur les marches de la respectabilité ? A-t-elle donc versé un doigt de liqueur dans son café dominical ou bien est-ce le saint-sacrement lui-même qui lui est monté au cerveau, façon vapeur liturgique ?

Trois remous entre les cailloux, et voilà que Madame y voit la tempête !
Mais n’est-ce pas plutôt elle, la vraie houle ? Celle qui remue les eaux pour qu’on la regarde écumer ?

Ah, qu’on me donne un missel et une bouée : car la vérité, en vérité, c’est que ce n’est pas la mer qui s’agite…
C’est Maman qui fait vaguement des vagues.