L'antimamère

Le boomer et sa mère

Une sombre structure

La faucheuse se rapproche

29 décembre.

Une nouvelle annonce sur Facebook révèle la disparition de la mère d'un camarade de mon cercle d'amis d'école. Cette série de pertes maternelles me ramène inévitablement à ma mère, bien présente pour l'instant, mais qui, tôt ou tard, empruntera le même sentier inexorable. Mon père nous a quittés en 2015, elle le rejoindra un jour, inévitablement.

Un léger pincement au cœur m'envahit lorsque je découvre le tendre message d'adieu que cet ami adresse à sa mère disparue, suivi des condoléances d'un autre, qui se trouvait dans une situation similaire il y a tout juste une semaine. La faucheuse, impitoyable, ne fait aucune distinction entre les bons et les moins bons, bien que pour ces derniers, le temps semble parfois s'étirer indéfiniment.

Mais quand ai-je réellement perdu ma maman ? Je parle de cette femme que j'ai tant aimé dans mon enfance. Quand est-elle décédée ? Quand devrais-je la pleurer véritablement, au plus profond de mon cœur ? Certes, cette personne est ma mère, mais ma maman, celle que j'ai tant aimée, est morte depuis longtemps. Ce fut le jour où j'ai pris conscience de ses failles, de ses tromperies, de ses manipulations, de ses trahisons.. .

Amateur d'histoire que je suis, je tente de fixer une date à ce deuil intérieur, mais la tâche est ardue. Elle mériterait une réflexion approfondie, mais dans quel but ? J'ai sans doute trop idéalisé mes parents, mais cette mystification était à la mesure de l'illusion qu'ils ont soigneusement entretenue, une illusion à laquelle j'ai, sans doute, moi aussi, peut-être contribué.

Il me vient alors l'idée saugrenue que, le jour fatidique arrivé, il serait judicieux d'ériger une cheminée sur leur tombeau, au vu de l'agitation probable des cendres, une fois que mon père interrogera ma mère sur l'usage qu'elle aura fait de son héritage. Je les laisserais ainsi à leur querelle posthume.

Le temps s'écoule, et je dois admettre mon incapacité à me réconcilier avec cette femme, à lui rendre le statut de maman, tout en étant incapable de la haïr complètement, même dans ses moments les plus exécrables. Voilà un parfait exemple de la complexité de la nature humaine.

Pourtant, ne devrait-on pas chercher à voir le positif dans le négatif ? Étant donné le malin plaisir qu'elle prend à empoisonner mon existence, je peux raisonnablement espérer qu'elle atteindra un âge vénérable. Et si elle venait à disparaître avant ce terme, je pourrais alors me sentir, en quelque sorte, libéré.

Mais qui sait si son spectre ne viendra pas me tourmenter à sa manière, prolongeant ainsi son influence au-delà de la tombe ?

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