L'antimamère

Le boomer et sa mère

Dindon de Noël

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Le Dindon de Noël

Dimanche 24 décembre, 16h52. Le téléphone sonna, et, bien évidemment, c'était Madame. Elle avait besoin d'un pain, de fromage à tartiner et, de manière plutôt curieuse, d'un plat pour deux personnes pour demain. Parce que, voyez-vous, il était hors de question de laisser Madame seule le jour de Noël. Ce serait une tragédie, d'une tristesse incommensurable ! Et pour couronner le tout, elle conclut sa demande en m'informant qu'elle était en train de suivre avec un intérêt certain les exploits du patinage artistique à la télévision.
Je dus réprimer avec force l'envie qui me monta subitement de l'étrangler ou, à tout le moins, de lui exprimer ma consternation. J'éteignis mon ordinateur et me lançai dans une mission d'approvisionnement, car il était évident que cette pauvre dame avait besoin d'aide. Et cela, seulement trois quarts d'heure avant que nous ne passions tous ensemble le réveillon de Noël au même endroit.
Je ne savais trop quel sentiment m'envahissait en cet instant, mais ce qui prédominait, c'était une sorte d'amertume, comme si j'avais été malicieusement entraîné dans une farce digne du meilleur des dindons de Noël. 

Comment Madame s'endormit au Réveillon

Dans l'atmosphère chaleureuse d'une maison animée par la famille et les amis, Madame fit son entrée. Dans cet environnement, elle manifestait une aisance oscillant entre l'assurance et la prudence. Chaque étape de son périple, de la descente des escaliers à l'entrée dans la voiture, puis dans la maison, était ponctuée de ses "Aïe" et "Ouille", comme un refrain ponctuant une chanson sur les aléas de la vie.

Lorsque vint le moment tant attendu de l'arrivée du Père Noël, Madame se trouva prise dans un dilemme exquisément comique. D'un côté, il y avait le désir de briller, de capturer un instant de gloire sur la photo individuelle avec le Père Noël, une occasion de se distinguer. De l'autre, un besoin presque contradictoire de discrétion, une volonté de se fondre dans l'anonymat relatif de la photo de groupe, de ne pas attirer l'attention sur elle.

Son désir de retourner rapidement à sa place n'était pas tant motivé par l'envie de retrouver sa zone de confort, mais plutôt par une crainte palpable de faire une chute, de perdre l'équilibre dans ce ballet de festivités. Chaque mouvement était mesuré, chaque pas calculé avec la précision d'une danseuse étoile sur une scène glissante. Puis je réalisais qu'elle voulait composer le numéro du portable du Père Noël, sans doute pour émerger du brouhaha du groupe ! Hélas, elle tomba sur un répondeur ou un message d'erreur ce qui lui causa quelques frustrations. 

Au coup de minuit, au moment des cadeaux, l'acte de générosité dont elle fit preuve en donnant dix euros à un enfant, semblait être un sacrifice presque royal, un geste grandiose et calculé, chargé d'une signification profonde, à la fois généreux et douloureusement réfléchi.

Au fil de la soirée, Madame s'endormit lentement à sa place, laissant derrière elle un sillage de mystère et d'ambiguïté. Elle semblait voyager dans un monde intérieur, un royaume de souvenirs et de rêveries où elle pouvait être à la fois la reine et l'observatrice discrète.

Ce réveillon devint ainsi une symphonie de moments mémorables, avec Madame jouant un rôle central, oscillant entre la lumière et l'ombre, entre le désir d'être vue et la peur d'être trop exposée. Un tableau vivant de l'existence humaine, où chaque geste, chaque parole et chaque silence formaient une mosaïque de souvenirs remarquables.

Le lendemain de notre soirée festive, un message hilarant apparut sur Facebook, signé par Madame elle-même : "Un réveillon inoubliable. Ambiance familiale et chaleureuse. Nous étions 17. Merci !!!", suivi d'une procession d'émojis aussi biscornus que son sens de l'humour. Ce message, une œuvre d'art en soi, semblait être la quintessence de sa soirée avec une touche d'auto-dérision piquante mais en était-elle consciente ?

Ce message, laissé sur les réseaux sociaux comme une bouteille à la mer dans l'océan numérique, était un épilogue parfait à la soirée. Il résumait avec esprit et finesse les multiples facettes de ce réveillon.

Ainsi, grâce à son message post-réveillon, Madame réussit à encapsuler l'esprit de la soirée dans quelques lignes et émojis, laissant derrière elle une empreinte indélébile de son passage, un souvenir à la fois hilarant et tendrement ironique.

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