Débit de paroles
Dans l'une de ces soirées interminables qui s'étirent, lorsque je vais saluer ma mère en fin de journée, les sujets de conversation tournent et virevoltent, et parfois surgissent des questions fondamentales liées aux langues parlées sur la planète.
"Ah, l'accent américain est disgracieux, tout comme le Cockney. Et puis, il y a ces rustres qui débitent les mots et la langue comme de vulgaires compères. Leur débit est trop rapide, ils mâchent leurs mots. Et dans mon esprit, la voix chantante de Trenet s'élève : "Ah qu'il est beau le débit de l'eau", "Ah qu'il est laid le débit du lait". Pour ma mère, je devrais plutôt parler d'un débit de boissons, car plus elle lève son verre, plus elle veut prendre la parole, interrompant les autres de la manière la plus inopportune qui soit. Admettons-le, l'alcool augmente son débit de parole qui coule comme un débit de boissons en plein carnaval. En fait, elle nous saoule. Comme dans un bistrot où les paroles décollent sur le zinc. Les verres se suivent et se rassemblent. Allez, elle remet sa tournée, mais vais-je me remettre de ma journée ? Je voudrais m'échapper pour rentrer chez moi, mais c'est en vain, ou dois-je dire en vin ? Ainsi va la vie, d'un laid débit de mots auquel je préférerais un beau débit circonscrit.
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