Chers adeptes de la plume et du drame familial,
Permettez-moi de vous narrer ce que j'appellerais volontiers ma "Grande Traversée du Désert Scriptural". Oui, il fut un temps, pas si lointain, où ma verve créative semblait aussi desséchée qu'un vieux papyrus oublié au fond d'une pyramide égyptienne. Jusqu'au réveil de la momie !
Durant cette période aride, l'apparent apaisement de ma relation avec ma mère - telle une oasis mirage - me laissa croire à un renouveau. Illusion que tout cela! Ma mère, placée sous le joug d'une administration judiciaire pour la protéger des vautours financiers, elle semblait enfin en sécurité. De mi-janvier à mi-mars, je me suis mué en un Pharaon de la finance, coiffant la double couronne de la gestion judiciaire. Aidé d'un conseiller de confiance, mandaté par le tribunal, quelqu'un de mon cercle relationnel, nous avons tenté de mettre de l'ordre dans ce chaos monétaire.
Mais oh, la tragédie classique! Comme dans les meilleures pièces de Molière ou de Corneille, l'ascension fut suivie d'une chute. Les privations nécessaires pour rembourser les sommes faramineuses englouties dans le sable mouvant des mauvaises décisions précédentes furent tout sauf bien accueillies. Nous voici à mi-avril, et le chemin de croix financier n'est toujours pas terminé, mes très chers. Encore deux mois, si tout se passe comme sur des roulettes à moins qu'elles ne soient russes ...
Hélas, ma mère, dans un regain d'ardeur dramatique que même Sarah Bernhardt n'aurait pas renié, a récidivé dans ses extravagances et ses affabulations, rendant sa gestion quotidienne plus ardue que celle d'un empire en déclin.
Le récit de ces péripéties suivra, je vous le promets, peuplé de rebondissements dignes d'une tragédie grecque, où la fatalité se mêle à l'absurde, et où le héros - moi en l'occurrence - tente désespérément de maintenir le cap dans la tempête maternelle.
Ma chère relation maternelle toxique, récit d'une saga familiale où la mère, tel un caméléon sur le divan, se métamorphose et oscille entre le rire et la grimace, entre la complicité et la trahison. L'enfant, observateur détaché, se perd dans ce théâtre absurde où le rôle principal est joué par une femme aux mille visages.
Ah ! Mère, magnifique actrice aux multiples rôles, tantôt muse joyeuse, tantôt marâtre acerbe, qui berce et écorche avec la même berceuse, le cœur et l'esprit de son rejeton devenu spectateur puis metteur en scène récalcitrant. Chaque journée dévoile une nouvelle scène, un nouvel acte où l'incertitude règne, et où le doute s'installe comme un spectateur de première loge.
Dans cette pièce, l'humour a fui, lassé des rebondissements incessants et des tirades trop jouées. L'envie de rire s'est éclipsée, laissant place à une mélancolie silencieuse, un désir de pleurer qu'il vaut mieux réprimer ou différer. Pourquoi verser des larmes pour une actrice qui ne sait plus sortir de son rôle, pour une pièce qui ne mérite peut-être pas tant d'attention ?
Quant à moi, je navigue dans ce drame, contraint de me métamorphoser à mon tour, ajustant mon masque en fonction des scènes, oscillant entre amour et détachement, captivé malgré moi par ce spectacle de l'absurde orchestré par une mère trop présente et pourtant si lointaine. Et dans cet écheveau familial où chaque fil semble nouer et dénouer les liens à sa guise, je cherche mon propre rôle, rédigeant parfois mon propre script, espérant secrètement que le rideau tombe enfin sur cette comédie-tragédie de la vie quotidienne.
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