La cybernétique des conflits

Du Traité de Versailles au Plan Marshall

Une contrainte généralement inefficace

Cela rejoint bien la théorie du choix de William Glasser. Glasser, un psychiatre américain, a développé la théorie du choix qui suggère que presque tous nos comportements sont des choix que nous faisons pour satisfaire nos besoins fondamentaux. Selon Glasser, l'utilisation de la contrainte pour changer le comportement des gens est généralement inefficace et souvent contre-productive.

Dans le contexte du Traité de Versailles, les Alliés ont utilisé la force et la contrainte pour imposer des conditions punitives à l'Allemagne. Si nous considérons ceci à travers le prisme de la théorie du choix de Glasser, il est possible que cela ait amené l'Allemagne à résister encore plus fortement à ces conditions et à chercher à satisfaire ses besoins (par exemple, la sécurité, la liberté, le pouvoir) par des moyens qui ont finalement conduit à la Seconde Guerre mondiale.

Selon la théorie du choix, un moyen plus efficace de résoudre les conflits et de provoquer un changement positif serait de travailler avec les individus (ou les pays, dans ce cas) pour les aider à trouver des moyens de satisfaire leurs besoins qui sont à la fois respectueux des autres et bénéfiques pour eux-mêmes. Cela pourrait impliquer la négociation, la compréhension mutuelle, et le respect des besoins et des perspectives de toutes les parties impliquées.

En résumé, la théorie du choix de Glasser met en lumière les limites et les dangers potentiels de l'utilisation de la contrainte pour résoudre les conflits ou provoquer des changements de comportement, une leçon qui semble particulièrement pertinente lorsque l'on considère les conséquences à long terme du Traité de Versailles.

Gregory Bateson, anthropologue et penseur systémique, a évoqué dans son travail les problèmes liés au changement par la contrainte. Selon lui, la contrainte et la force peuvent provoquer des changements immédiats, mais ces changements peuvent ne pas être durables et peuvent avoir des conséquences imprévues.

Voici quelques-uns des pièges associés au changement par contrainte, selon Bateson :

1. Résistance au changement : Lorsque les gens se sentent forcés de changer, ils peuvent résister, même si le changement est dans leur intérêt. Cette résistance peut rendre le changement plus difficile à mettre en œuvre et à maintenir à long terme.

2. Effets indésirables : La contrainte peut conduire à des résultats qui n'étaient pas prévus. Par exemple, une personne contrainte de cesser de fumer peut se tourner vers l'alcool ou la nourriture comme substitut, créant un nouveau problème.

3. Changements superficiels : Le changement obtenu par la contrainte peut souvent être superficiel, affectant les symptômes plutôt que les causes profondes. Les personnes peuvent revenir à leurs anciens comportements une fois que la contrainte est levée.

4. Répercussions sur les relations : La contrainte peut endommager les relations entre les personnes, en créant du ressentiment et de la méfiance. Ceci peut rendre difficile le maintien de changements à long terme, en particulier dans les contextes où la coopération est nécessaire.

Bateson suggérait que les changements les plus efficaces sont ceux qui sont auto-dirigés et qui émanent de l'intérieur de l'individu ou du système, plutôt que ceux qui sont imposés de l'extérieur. Cette perspective est en ligne avec la vision de Paul Watzlawick sur les changements de deuxième ordre, qui impliquent une transformation profonde et auto-dirigée du système lui-même.

L'apport de William Glasser

Les idées de Gregory Bateson et Paul Watzlawick ont des points communs avec la théorie du choix de William Glasser.
Glasser était un psychiatre américain qui a développé la théorie du choix, une approche de la psychologie qui met l'accent sur l'autodétermination personnelle et la responsabilité de ses propres choix.

1. L'auto-responsabilité : Selon Glasser, les individus ont le contrôle sur leur propre comportement et peuvent faire des choix pour améliorer leur vie. Cela rejoint les idées de Bateson et Watzlawick sur l'importance de l'autodirection et du changement de deuxième ordre.

2. La satisfaction des besoins : Glasser croit que tous les comportements humains sont dirigés vers la satisfaction de cinq besoins fondamentaux : survie, amour/appartenance, pouvoir, liberté et plaisir. Lorsque ces besoins ne sont pas satisfaits, les individus peuvent éprouver du stress ou de l'anxiété. Cette idée peut être comparée à la vision de Watzlawick et Bateson selon laquelle les problèmes psychologiques peuvent résulter de systèmes dysfonctionnels ou de contraintes externes.

3. La résistance au changement : Tout comme Bateson, Glasser a reconnu que les individus résistent souvent au changement lorsqu'il est imposé de l'extérieur. Selon lui, le changement le plus durable provient de l'intérieur de l'individu, qui fait un choix conscient pour modifier son comportement.

4. La qualité des relations : Glasser a également souligné l'importance des relations dans la santé mentale. Il a suggéré que des relations interpersonnelles saines peuvent aider à satisfaire les besoins fondamentaux et à promouvoir le bien-être, une idée qui est également présente dans les travaux de Watzlawick sur l'interaction et la communication.

En somme, bien que ces trois penseurs aient chacun développé leur propre approche théorique, leurs idées partagent une emphase commune sur l'importance de l'autodétermination, de l'interaction sociale et du changement de deuxième ordre.

Répondre aux besoins

Le Plan Marshall, officiellement appelé le Programme européen de rétablissement, est un exemple de l'approche opposée à celle du Traité de Versailles. Plutôt que de punir les nations dévastées par la guerre, les États-Unis ont choisi d'aider à leur reconstruction.

Ce programme, annoncé par le Secrétaire d'État américain George Marshall en 1947, a fourni plus de 12 milliards de dollars (un montant colossal pour l'époque) pour aider à reconstruire l'Europe de l'Ouest après la Seconde Guerre mondiale. Le plan était principalement économique, avec un financement pour tout, de l'infrastructure à l'agriculture, mais il avait également une dimension politique importante : renforcer les démocraties occidentales face à la menace communiste et favoriser la coopération entre nations, y compris l'Allemagne.

L'idée sous-jacente était que la prospérité économique et la stabilité politique aideraient à prévenir la montée de régimes totalitaires et l'éclatement d'une autre guerre. Par conséquent, on pourrait dire que le Plan Marshall correspondait davantage à l'approche préconisée par William Glasser dans sa théorie du choix, en cherchant à satisfaire les besoins fondamentaux des nations européennes et en évitant la contrainte et la punition.

Dans cette optique, il est intéressant de noter que le Plan Marshall est généralement considéré comme ayant été très réussi, contribuant à une période de croissance économique rapide en Europe et à la naissance de l'Union Européenne. Il montre qu'une approche basée sur l'aide et la coopération peut être plus efficace à long terme qu'une approche punitive.

Il est piquant de constater que l'attention portée à la satisfaction des besoins a été mise en avant par un autre Marshall ROSENBERG, celui-là !

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